Est-ce parce que la plupart des écrivains contemporains n'ont presque plus de réponses à apporter au chaos du monde, prisonniers eux-mêmes de leurs masques et de leurs mensonges, préoccupés davantage de leur image que du " besoin d'être ", plus occupés à posséder qu'à " prendre en charge ", que je me surprends à relire Saint-Exupéry ? Est-ce parce que je réclame de l'écrivain qu'il m'aide à donner un sens à ma vie, pour donner un sens à la mort, que cette oeuvre me paraît soudain immense et nécessaire ? De cette relecture, un autre visage de Saint-Exupéry a surgi, loin des clichés méprisants dont l'accabla l'establishment littéraire. Il m'est apparu plus fragile qu'héroïque, plus traversé d'échardes qu'assoiffé de conquêtes, cherchant dans l'aventure nocturne et non moins enivrante du ciel des moyens de mieux supporter ses douleurs sur la " terre des hommes ". A. V.