Villa del Carmen. Il y a ceux et celles qui partent, et ceux et celles qui restent. Ceux et celles qui de Buenos Aires envoient des lettres pour raconter la vie, le travail et l'amour. Ceux et celles qui attendent les lettres et gardent la mémoire du passé dans cette province du nord de l'Argentine. Marita attend les lettres de Matilde. Une tranquille répartition des rôles qu'un certain Ferroni vient déranger en 1977. Lui, ce qu'il veut, c'est retrouver l'amoureux de Matilde, un présumé subversif en cavale. Et peut-être que l'une de ces lettres l'y aiderait... Mais l'obtenir de Marita n'est pas chose facile car celle-ci s'entête dans son refus à lâcher son bien. Et alors il faut questionner les vieilles de ce stupide lieu perdu, parcourir les ruelles poussiéreuses, se nourrir d'empanadas de viande. Boire une bière après l'autre. Attendre que Marita se décide, attendre et encore attendre. Et l'attente, on le sait, est mauvaise conseillère.
Dans ce roman argentin tout en finesse, il y a ce qu'on aime trouver dans la lecture: ambiance, suspense, découverte progressive des pièces du puzzle. Mais aussi un parcours dans le labyrinthe des sentiments, parcours que Norma Huidobro mène de main de maître. Une main que de grands écrivains ont déjà su reconnaître.