"Produit d’une lointaine paysannerie, tout en moi proclame un paganisme que n’ont pas atténué, au contraire, presque deux millénaires chrétiens. Il me plaît même de reconnaître dans l’homme du Jourdain et du Golgotha l’aboutissement miraculeux du grand Pan et la renaissance du Phénix. Les forces élémentaires m’ont accompagné tout au long de mon enfance et je me suis plu au commerce des puissances chtoniennes. Je me souviens de l’odeur animale des cavernes et des remugles paludéens. S’étonnera-t-on que je prenne mes distances avec cette volonté présomptueuse, commune à beaucoup, de faire de la poésie un pur exercice de l’esprit ? Je crains, tout en les admirant par ailleurs pour leur intelligence et leur brio, les théoriciens qui n’engendrent souvent que des fruits insipides. Ils sont un peu comme les théologiens qui refroidissent la foi. En marge des doctrines et des messages, éteignoirs de la poésie, me guide un mot qui commande la vie, et donc l’art, en dépit des aléas, des souffrances et de la solitude, c’est le plaisir."FREDERIC JACQUES TEMPLE(Extrait de la préface)