Où finit la fiction et où commence l'Histoire ? C'est sur cette liberté propre à l'écrivain que joue superbement Gilbert Sinoué dans son nouveau roman La Fille du Nil. Qui se souvient que l'Égypte fut pratiquement une province française jusqu'en 1882 ? Qui connaît la folie géniale des saint-simoniens, ces utopistes talentueux venus de France, porteurs d'un rêve fou : le percement de l'isthme de Suez ? Qui sait que le destin de ce canal s'est joué sur un plat de macaroni ? À travers la formidable saga de la famille Chédid, faite d'amour et de haine, Gilbert Sinoué dresse la fresque des quarante années qui virent l'Égypte s'arracher lentement à l'amour de la France
pour basculer sous la domination anglaise, confirmant ainsi la prophétie de son vice-roi, Mohammed Ali : «Si la France et l'Égypte creusent un jour le lit du canal, souvenez-vous que c'est l'Angleterre qui s'y couchera.» Forte en passion, fertile en rebondissements, c'est à cette mémoire que nous invite l'extraordinaire destinée de La Fille du Nil.