Le nouveau corps confie au sport son souffle, son coeur, la sueur et sa fatigue, ne travaille presque plus de force mais sur des codes ; hygiénique, hydraté, sanitaire et aseptique, rectifié par les remèdes et la prédiction médicale, il repousse la mort de trente ans et l'antique souffrance quasi définitivement. Comment ces corps si vite changés en moins d'un demi-siècle habiteraient-ils le même monde, sentiraient-ils par les mêmes sens, logeraient-ils la même âme ou une semblable langue que l'ancienne chair accablée ou repue, verbeuse, rigide et trop vêtue en raison de la honte ou du froid, soumise au labeur et non à l'exercice, à la morale plus qu'à la médecine, dont la philosophie de nos pères a parlé ?