Colette incarnait et incarne toujours une certaine France : la célébration de la nature et la passion du théâtre, la règle et l'ordre de la province, la frivolité et le désordre de la vie parisienne. Peu d'auteurs auront travaillé avec autant de persévérance à l'élaboration de leur mythe. Ainsi, Colette n'aura cessé d'entretenir une véritable vocation du bonheur. Après une oeuvre abondante qu'il qualifie lui-même de sombre, Michel del Castillo nous offre aujourd'hui un livre lumineux et solaire, comme si depuis la publication de son Père français qui révélait aussi une certaine France, il aurait voulu nous dire et donc écrire pour la première fois l'amour de son pays d'adoption. En reprenant le cours de la vie et de l'oeuvre de Colette, et rétablissant au passage certaines vérités, égratignant donc la fameuse légende, Michel del Castillo confirme qu'entre les faits et les sentiments il y a toujours l'écart de la littérature. C'est en France que l'auteur de Tanguy a appris à aimer, sinon à vivre. Mais il n'oublie pas qu'il partage avec Colette le sentiment et l'expérience d'avoir connu enfant, auprès de sa mère, telle Colette auprès de la sienne, Sido, le seul, l'unique paradis perdu.