Attention, chef-d’œuvre ! Havane Mélodie ravira ceux qui avaient été enchantés par l’extraordinaire musique des Mambo Kings Play Songs of Loveet sera pour tous les autres une révélation. Nous sommes en 1947. Israël Levis, un compositeur cubain dont la vie avait commencé comme un rêve musical, d’amour et de mélancolie, revient à Cuba après avoir été emprisonné par erreur en France par les nazis puis, ensuite, déporté à Buchenwald. Mais quelle idée, aussi, pour un Cubain, de se prénommer Israël ! Quand il arrive à La Havane, il a en tête et dans le cœur, gardée intacte, sa romance inachevée avec la ravageuse Rita Valladares, cette chanteuse pour laquelle il écrivit en 1928 sa plus fameuse chanson, «Rosas Puras» (Pretty Roses) - devenue la rumba la plus célèbre dans le monde, qui changea en son temps le goût musical des Européens comme des Américains, quand partout l’on se mit à danser la rumba. Mais après Buchenwald, peut-on encore danser la rumba, quand cette musique qui disait l’âme d’un monde n’est plus ? Quand le rêve musical, d’amour, de danse, de nostalgie s'est désormais envolé ? Par ses cadences mélodiques, ses rythmes entêtants, son écriture extraordinairement musicale, Havane Mélodie se lit comme en permanence sous-tendu par une bande-son. En cela, il est comme le pendant des Mambo Kings Play Songs of Love, mais l’énergie créatrice, la sexualité exubérante de ce dernier ont laissé la place à l’infinie nostalgie d’une musique douce-amère, l’évocation comme à travers un halo doré, d’un temps, dans ces années 30. Quand les rythmes africains, les mélodies européennes et le folklore indigène se mêlaient à Cuba pour créer une musique à nulle autre pareille, sensuelle et fragile comme un rêve de paradis.