L'année même de l'indépendance de l'Algérie, en 1962, naît à Montpellier la petite Kenza. Sa mère décide de regagner avec l'enfant Oran qu'elle avait fui pour échapper à un mari boucher, obsédé sexuel, qui la battait. Elle se dit que l'indépendance va changer la société et les hommes... Espoir vain. Elle repart, définitivement cette fois, mais sans sa fille, que le père lui a dérobée. Puis se passent l'enfance et l'adolescence de Kenza, sa réussite universitaire à force d'un travail acharné, son ascension sociale. Reste que la victoire d'un seul ne change pas le sort du monde, reste que le FIS met en danger l'Algérie. Menacée comme tant de femmes qui revendiquent leur liberté, Kenza refait le voyage de sa mère à Montpellier où elle tentera, à travers la communauté algérienne, de savoir quels furent sa vie, ses derniers jours, et pourquoi elle n'essaya jamais de la revoir. La vérité découverte, belle et douloureuse, Kenza s'enfuit - une fois encore - au Canada ; sans doute parce que la France est trop près de l'Algérie, sans doute parce que Kenza veut perdre la mémoire.