«Castor de guerre» : ces mots que Simone de Beauvoir écrit en 1939 au dos d'une petite photographie résonnent comme une promesse et dessinent le programme d'une vie aussi exigeante dans les choix privés que dans les choix publics. Les affrontements politiques de l'après-guerre, de la guerre froide, de la décolonisation la poussent à une radicalité qui offre peu de place au doute, à l'indulgence et au compromis. Et la réussite éclatante de son œuvre, l'écho mondial du Deuxième Sexe auprès de lecteurs qui ne sont pas tous des femmes dessinent une image d'elle que ses Mémoires vont encore accentuer. Construite, contrôlée, impérieusement diurne. Masquant parfois les contradictions secrètes d'une femme passionnée, prise entre l'ardeur de vivre et l'horreur du néant. Faire le portrait de Simone de Beauvoir en Castor de guerre, c'est raconter aussi ce que fut le XX?, ce «siècle des extrêmes». Un monde d'antagonismes radicaux, où les intellectuels français avaient encore un rôle, celui de «grandes consciences», généreuses, intrépides, jusqu'à l'aveuglement parfois. L'échec des grandes idéologies, la fin de la suprématie européenne, la globalisation ont signé notre entrée dans un monde entièrement différent. Mais en relisant l'œuvre incandescente de Simone de Beauvoir, on se demande s'il faut se réjouir que sa passion de l'Absolu ait fait place à un relativisme qui laisse sans réponses les grandes questions qu'elle avait osé affronter.
«Castor de guerre» : ces mots que Simone de Beauvoir écrit en 1939 au dos d'une petite photographie dessinent le programme d'une vie aussi exigeante dans les choix privés que dans les choix publics. Plus qu’une biographie, Castor de guerre est une rencontre avec Simone de Beauvoir, une lecture critique, sans dogmatisme, d’une œuvre et d’une vie.