Pour Gilbert Sinoué, le contexte politique ou historique est une source intarissable d'inspiration : après la biographie de La dame à la lampe : une vie de Florence Nightingale (NB juin 2008), il adopte la forme romancée pour dénoncer avec ardeur le génocide arménien – dès les premières pages, le lecteur est ému par l'authenticité de la préface de Charles Aznavour. Dans un récit en deux parties, par approches successives à partir de 1896, il décrit le creuset historique bouillonnant et complexe : la nation arménienne, minorité combative suspectée de possible trahison, devient la cible du rejet et de la cruauté de l'Empire ottoman, du sultan Abdül-Hamîd II, puis des Jeunes Turcs qui la manipulent. Gilbert Sinoué nous plonge alors dans cette tragédie de l'Arménie à travers le sort des Tomassian qui vivent à Erzeroum en Anatolie orientale et subiront en 1915, comme des centaines de milliers d'Arméniens, déportation et massacre. Un livre fervent et poignant (quelques pages très dures) sur un fond historique très documenté dont l'approche peut paraître disparate. Demeure au coeur la phrase sublime sur Anna, violée et torturée, significative du martyr de l'Arménie : « Et elle bataillait pour abriter son âme ». (source : les-notes.fr)