Le soulèvement de Madrid du 2 mai 1808 contre les troupes napoléoniennes, dont on a célébré le bicentenaire cette année, souvent présenté comme le mythe fondateur de la nation espagnole, marque le début de la guerre dite d'Indépendance. Murat est chargé d'emmener à Bayonne l'Infant don Francisco pour laisser la place à Joseph, frère de l'Empereur. Les libéraux «afrancesados» y sont favorables, mais le petit peuple madrilène gronde, insulte les occupants, les «gabachos». Aux cris de « Vive l'Infant, à mort les Français », la guérilla débute au milieu de la matinée. Brandissant des armes hétéroclites mais efficaces, les insurgés combattent avec rage jusqu'à la féroce répression du 3 mai immortalisée par Goya. À partir d'une abondante bibliographie très variée, Arturo Pérez-Reverte (Le peintre des batailles, NB février 2007) relie les événements en employant le présent pour mieux ressusciter tous les acteurs de cette terrible journée. Il cible quelques figures marquantes, françaises ou espagnoles, mais dresse surtout le martyrologe d'une foule de petites gens de tous âges. L'auteur révèle une fois encore ses talents de grand reporter. La reconstitution des faits est minutieusement décrite, mais l'atrocité des scènes, abondamment évoquée, est assez éprouvante malgré le souffle épique qui s'en dégage. (source : les-notes.fr)