En l'espace d'une semaine, Aurélien s'efface par petites touches. C'est d'abord son ordinateur qui s'éteint brusquement, annulant un travail personnel important ; puis ce sont les gens dans la rue qui le bousculent comme s'il n'existait pas, ses collègues qui l'ignorent, sa fiancée qui fuit sa présence sans raison, enfin sa mère qui le raye de ses souvenirs. Aurélien assiste impuissant à sa propre disparition. Devenu invisible aux yeux de tous, il finit comme une enveloppe vide emportée par le vent. En abordant à son tour le thème littéraire récurrent de la métamorphose, Sylvie Germain (L'inaperçu, NB septembre 2008) file clairement une métaphore, celle de la désocialisation dont certains sont brutalement victimes dans la société contemporaine : littéralement leur mise « hors champ », l'impuissance éprouvée face à cette marginalisation progressive, l'incrédulité devant l'indifférence des proches, et l'issue souvent fatale à cette inexorable perte de réalité. Sur ce sujet grave, l'auteure brosse à traits rapides un petit conte moral cruel et plutôt léger qui vaut surtout par son incontestable talent d'écriture. (source : les-notes.fr)