Traversant le marché de Ti Pistache, du haut de son cheval, Tertulien Mesidor, seigneur de son état, tombe éperdument amoureux d'Olmène Dorival, paysanne. L'aïeul du premier ayant spolié de ses terres celui de la seconde, les ressentiments persistent entre les deux familles. L'histoire des uns et des autres se déploie, rythmée par le chant funèbre d'une jeune fille retrouvée noyée sur une plage, dont le monologue éclaire le récit. L'écriture et le pittoresque de la langue font tout le charme de ce livre. Après Guillaume et Nathalie (NB mai 2013), Yanick Lahens, née à Port-au-Prince, revient aux coutumes et à la réalité de son île, égarée entre un catholicisme feint et le surnaturel ancré dans l'âme haïtienne. Mais la matrice du livre est faite d'une autre pâte et l'écrivain mêle aux querelles et malheurs familiaux les avatars politiques de l'avènement et de la fin de l'ère Duvalier. Aux convulsions des différents régimes viennent s'ajouter les ravages des ouragans ; à l'émergence du parti des Démunis répondent les dérapages et les bains de sang. Honorés par leurs familles, les Esprits et tous les Invisibles entendent gronder le vent de la révolte. (source : les-notes.fr)