En pays Toraja, le corps des jeunes enfants morts est confié au tronc évidé d'un arbre qui, en se refermant, lui assure une sépulture éternelle. Ce rite indonésien inspire un cinéaste qui rassemble les dépouilles mémorielles de ceux qu'il a aimés et qui l'ont quitté. Eugène, son ami producteur, son père, des camarades, un enfant mort-né, s'y retrouvent et revivent. Florence, sa première femme, le rassure. Mais son corps d'homme plus que cinquantenaire le désespère, lui qui désire Eléna, à la triomphante jeunesse. Guidé par Eugène ou son souvenir, des découvertes ponctuent sa maturité, livres, Michel Piccoli… Des références littéraires, artistiques, cinéphiles, illustrent cette méditation, cette suite de réflexions qui mènent l'auteur de Parfums (NB novembre 2012) à s'interroger sur lui-même. Au centre du roman demeure l'événement qu'est la mort, le désarroi du vivant qui doit organiser sa nécessaire survie et la mémoire des disparus. Ce qui n'empêche ni l'éblouissement des rencontres, ni la beauté de la vie et l'espérance. Un style sobre, pudique, porte ce récit écrit à la première personne et empreint d'une philosophie courante. Philippe Claudel donne un beau texte attachant, bien construit, sombre et lumineux à la fois. (A.C. et C.R.P.) (source : les-notes.fr)