Zouleikha, paysanne tatare, trente ans en 1921, est confrontée à la dékoulakisation – politique agricole stalinienne prônant la disparition des koulaks, petits propriétaires terriens, au profit de la collectivisation des terres. Son mari, récalcitrant, est tué devant elle. Elle est envoyée en Sibérie en tant qu'ennemie du peuple et découvre sa grossesse lors de ce trajet. Youssouf naît à l'arrivée. Gouzel Iakhina est née au Tartastan (Russie). L'héroïne de son premier roman, soumise à sa belle-mère, mène une vie rythmée par ses croyances et sa religion. Sa déportation, parcours initiatique qui lui ouvre les yeux, est magistralement décrite par l'auteure qui s'est inspirée des récits de sa grand-mère, exilée en Sibérie à sept ans. Elle montre comment l'éducation de la jeune femme, concentrée sur sa survie, s'efface au tempo de l'avancée du train. Le personnage du commandant, l'assassin de son mari, qui supervise le transfert et l'installation au camp, est habilement dépeint dans son évolution mentale et sentimentale au contact de « ses » déportés et de Zouleikha en particulier... Un récit haletant où, pour supporter une vie aussi rude, chacun puise au plus profond de son être. (M.-P.R. et A.-M.D.) (source : les-notes.fr)