Divorcé à l'amiable, avec deux filles adultes qui mènent leur chemin, proche de la retraite, Louis, professeur d'anglais jadis flamboyant, s'est désormais figé dans une attitude distanciée d'ironie bienveillante. Il est invité à l'exposition d'un ancien élève qu'il n'avait pas vraiment remarqué, devenu un peintre coté ; Alexandre, lui, a gardé un souvenir intense de ses cours et lui propose de faire son portrait. Hésitant, sentant qu'il pénètre un territoire singulier, Louis accepte. Tandis que les tableaux progressent – un triptyque est prévu – les souvenirs s'échangent, les liens se resserrent, les exigences d'Alexandre s'aiguisent… Jean-Philippe Blondel (Mariages de saison, NB mars 2016) enseigne l'anglais à Troyes et Louis, le narrateur, doit sans doute beaucoup à cette expérience. Lui aussi se met à écrire : des pages en italique, d'un style plus littéraire, s'insèrent dans le récit, elles évoquent sa jeunesse, ses amis, ses amours, son ex-femme, ses filles. Le passé colore heureusement un présent qui s'anime. Pour Alexandre, la peinture l'aide à se délivrer d'une adolescence toute de rancoeurs et d'humiliations, dévastée par une homosexualité inavouée mais secrètement illuminée par l'admiration pour son professeur. L'évolution ambiguë des rapports, rendue avec fluidité et finesse, le flou des intentions d'Alexandre intensifient le récit jusqu'à un dénouement à l'interprétation incertaine. (M.W. et M.Bo.) (source : les-notes.fr)