En 2009, Daniel Pennac (Le cas Malaussène, NB mars 2017) adaptait, dans une mise en scène dépouillée au théâtre de la Pépinière, sa lecture de Bartleby le scribe, la célèbre nouvelle d'Herman Melville traduite par Pierre Leyris. Or, il vient de perdre son aîné de cinq ans, Bernard, un ingénieur plutôt solitaire, sceptique et rêveur, un frère protecteur et complice qu'il chérissait. Il choisit d'insérer dans Mon frère des extraits de l'ouvrage de Melville, dans un vis-à-vis prenant et surprenant entre le scribe énigmatique et son employeur. Il les alterne avec des souvenirs du frère aimé, invitant implicitement le lecteur à débusquer les ressemblances, les résonances entre Bartleby et Bernard, qui pratiquent tous deux le « degré zéro de la possession ». L'effet miroir systématique peut donner une certaine pesanteur à la lecture, heureusement sauvée par des remarques sur le théâtre pleines d'humour, parfois caustiques, souvent tendres lorsqu'il aborde la solitude et la mort d'un être cher : un petit livre singulier ! (R.C.G. et C.R.P.) (source : les-notes.fr)