Sur une île volcanique que l'on imagine en Méditerranée, trois cadavres d'hommes noirs sont rejetés un matin par la mer. Le maire et le docteur, après avoir consulté le curé, l'instituteur et la vieille, décident de les enterrer discrètement : en parler serait une mauvaise publicité pour l'île où un projet lucratif de thermes marins se profile. Vivons heureux, vivons cachés !... Mais l'instituteur, venu du continent, n'est pas d'accord. Lorsqu'un « commissaire » de police débarque, curieux et cassant, les ennuis commencent. Fidèle à lui-même, Philippe Claudel (Inhumaines, NB mai 2017) plonge au plus profond de l'âme humaine. L'ambiance confinée de l'île est prégnante, c'est une parabole montrant l'égoïsme (bien partagé) de ceux qui refusent d'accueillir l'Étranger. Dans l'adversité, les personnages, qui n'ont d'autre nom que celui de leur fonction, se liguent, lâches et corrompus, pour étouffer la vérité et chercher un bouc émissaire. Dans la veine de ses premiers romans, Philippe Claudel oscille entre la tragédie grecque, le thriller psychologique et social, le conte philosophique. Une intrigue mystérieuse, tendue, sur fond de drame des migrants mais allant bien au-delà, servie par un style âpre, incisif, envoûtant et poétique : une vraie réussite ! (V.A., S.D. et R.C.G.) (source : les-notes.fr)